entete
accueil - Ancien Régime - 1789 à 1847 - 1848 à 1880 - 1881 à 1904 - 1905 à 1913 - 1914 à 1926 - 1927 à 1939 - 1940 à 1949 - 1950 à 1971 - 1972 à 1975 - 1976 - 1977 - 1978 - 1979 - 1980 - 1981 - 1982 - 1983 - 1984 à 1986 - 1987 à 1990 - 1991 à 1995 - 1996 à 2000 - 2001 à 2009 - 2010 - 2011 - 2012 - 2013- 2014 - 2015 - documents - tracts

Ancien Régime

Civilisations du Tigre et Euphrate Mésopotamie, Akkadie, Sumer, Babylonie, Assyrie…
- dans l’écriture, cunéiforme dessiné, le déterminatif de homme est à l’origine un phallus, celui de femme, une vulve
- à partir du IIe millénaire, il est courant qu’une femme mariée soit voilée; veuve, elle bénéficie d’un douaire et à certaines époques, elle devient «père et mère» des enfants et obtient le statut de l’autorité patriarcale
- il existait aussi la possibilité pour un père de «faire des ses filles des fils» ou pour une femme d’épouser sa tante paternelle comme «frère»… héritage!
• vers -2600 av. en Mésopotamie
- amour «libre» dans le quotidien qui pouvait se pratiquer notamment avec des spécialistes prostitué(e)s; la prostitution n'y était pas considérée comme une pratique infamante, c'était même une institution vénérable et très respectée, à condition qu'il n'y ait ni désordre ni violence; de nombreuses tablettes montrent des ébats hétéro et homosexuels
• vers -2300 les premiers textes poétiques connus sont ceux d’une femme, Enheduanna ou En-Hedu-Ana, fille du roi Sargon Ier d’Akkad, princesse, prêtresse et poétesse de langue sumérienne; elle composait des chants à l’honneur d'Inanna, déesse de l'amour et de la guerre, dont elle exaltait avec sensualité la beauté et en parlait comme d’«une épouse»; ses hymnes religieux, quarante-deux connus, l’une des premières tentatives systématiques de théologie, sont restés en usage pendant les siècles qui suivirent. Elle est l'une des premières femmes dans l'histoire dont le nom est connu
• dans la mythologie sumérienne, les déesses sont nombreuses et occupent une place importante. Cette place décline à partir de -2000. La déesse d’origine mésopotamienne Inanna/Ishtar tend à concentrer toutes les caractéristiques des autres déesses, et garde une place de premier plan, de même que ses équivalents hors de Mésopotamie, Astarté, Shaushga, mais son aspect guerrier lui donne un caractère dit «masculin»
• vers -1750 code d’Hammurabi
- dans le premier code connu de l'histoire apparaît la salzikrum, figure qui caractérise une femme-homme qui pouvait avoir une ou des épouses et des droits exclusifs d'hérédité. Les salzikrum n'avaient probablement jamais d'enfants, comme les eunuques et, s'ils en avaient, ils les cédaient par adoption et ne pouvaient plus les réclamer ensuite
- ne prend en considération qu'un seul cas de viol, celui d'une femme mariée à un homme mais sans avoir encore eu de relations sexuelles avec lui, l'offenseur étant exécuté et la femme «tenue pour quitte». Les autres textes législatifs du Proche-Orient ancien punissent également de mort le viol de femmes mariées, mais pas celui d’esclaves, qui donne lieu à une indemnité pour le maître de celle-ci, le cas du viol d'une femme non mariée ou promise à un autre étant généralement vu comme moins grave et pouvant conduire à un mariage contraint
• vers -1700-1600 L’Épopée de Gilgameh, premier «roman» de l’histoire de l’humanité, raconte, en cunéiforme sur des tablettes d’argile, l’épopée du roi d’Uruk, Gilgamesh. On peut se demander pourquoi ce récit, l’un des fondateurs de l’humanité, texte repris ensuite, entre autre, dans la Bible, texte métaphysique dont le sens est l’acceptation inéluctable de la mort et une réponse à donner au sens de la vie humaine, repose-t-il sur une sorte de couple tendre, poétique et «homosexuel», celui formé par Gilgamesh et Enkidu ? [cf. documents]
• vers -1500-1000
chez les Assyriens, quiconque viole quelqu'un de son milieu doit être émasculé et sa femme doit être violée; une femme qui abîme les testicules d’un homme a un doigt tranché
• l ’«homosexualité» masculine
est bien plus attestée que la féminine. La seule limite est le fait que, comme dans d’autres cultures, la position de l’amant passif est dévalorisée par rapport à l’actif, car il perd sa virilité: il est vu comme «efféminé» ou «tenant la quenouille»
• -V-IVe siècles en Perse, un changement par rapport à l’«homosexualité» apparaît avec le développement du mazdéisme, religion très «moralisatrice» (V et IVe siècles). Dans les textes zoroastriens, le pédéraste est menacé de «tourments infernaux» et on a le droit de tuer les «homosexuels»

• Égypte antique on sait peu de chose de l’«homosexualité», sinon que le pharaon Pepi II, qui régna vers -2246 et -2152 (VIe dynastie), aima le général Sissine, Siséné, principal conseiller.
Le mythe des conflits entre Horus et Seth (papyrus XIIe siècle) occupe une grande partie de la mythologie égyptienne et nombreuses furent les fêtes religieuses dédiées à la célébration de ce mythe. Il est la base et le fondement de la royauté égyptienne : chaque roi légitime et juste des deux terres est une manifestation du fils d'Osiris sur terre, celui qui soutient la droiture et la vérité, Horus. Or, le papyrus dit Chester Beatty donne aussi une autre version du combat épique pour le pouvoir puisque Seth tente de pénétrer Horus et éjacule sur ses cuisses… Et, Seth se targue devant l'assemblée des dieux d'avoir dominé Horus, qui ne mérite donc pas le trône. Et parmi les mythes des Textes des Pyramides, on retrouve l'histoire de ce geste homosexuel puisque Seth y commet un viol sur Horus et dépose son sperme entre ses fesses. Ceci, cependant, n'a pas porté préjudice parce qu'Horus a interposé ses mains pour recueillir le sperme de Seth...
L’«homosexualité dite passive» était condamnée. Elle n'est pas alors considérée comme un acte sexuel, mais comme une manifestation de la domination d'un homme sur un autre, donc soumission et abandon et manifestation de la masculinité ou manière de montrer mépris. Elle est mentionnée négativement dans l’une des formules du livre Pour sortir au jour dit Livre des morts.
Mais l’on a retrouvé à Saqqarâ, le mastaba commun de Niânkhkhnoum et Khnoumhotep, dont la combinaison de leurs deux noms pour n'en former qu'un en hiéroglyphes et leurs figurations en couple laissent penser à un couple…

• entre -587 et -539 exil babylonien du peuple juif. La rédaction de la Bible hébraïque, TaNaKh, acronyme formé à partir des titres de ses trois parties constitutives : Torah (la Loi), Nevi’im (les Prophètes) et Ketouvim (les autres écrits) s’est échelonnée entre le VIIIe et le IIe siècle avant notre ère. Les textes anti-homos et contre les femmes y sont nombreux.
Genèse 19 4-8 4 Ils n'étaient pas encore couchés que la maison fut cernée par les hommes de la ville, les gens de Sodome, depuis les jeunes jusqu'aux vieux, tout le peuple sans exception. 5 Ils appelèrent Lot et lui dirent: Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit? Amène-les nous pour que nous en abusions. […] 8 Ecoutez: j'ai deux filles qui sont encore vierges, je vais vous les amener: faites-leur ce qui vous semble bon, mais, pour ces hommes, ne leur faites rien, puisqu'ils sont entrés sous l'ombre de mon toit. [eh comment donc!!! vous avez bien lu!] Développement du Lévitique: Lévitique 18-22 18 Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination. […] 22 Tu ne donneras ta couche à aucune bête; tu en deviendrais impur. Une femme ne s'offrira pas à un animal pour s'accoupler à lui. Ce serait une souillure. […] Lévitique 19 20-29 20 Si un homme couche maritalement avec une femme, si celle-ci est la servante concubine d'un homme auquel elle n'a pas été rachetée et qui ne lui a pas donné sa liberté, le premier sera passible d'un droit mais ils ne mourront pas, car elle n'était pas libre. 21 Il apportera pour Yahvé un sacrifice de réparation à l'entrée de la Tente du Rendez-vous. Ce sera un bélier de réparation. 22 […] et le péché qu'il a commis lui sera pardonné. […] 29 Ne profane pas ta fille en la prostituant; ainsi le pays ne sera pas prostitué et rendu tout entier incestueux. Lévitique 20 13 L'homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme: c'est une abomination qu'ils ont tous deux commise, ils devront mourir, leur sang retombera sur eux. Deutéronome 23 18-19 18 Il n'y aura pas de prostituée sacrée parmi les filles d'Israël, ni de prostitué sacré parmi les fils d'Israël. […]  19 Tu n'apporteras pas à la maison de Yahvé ton Dieu le salaire d'une prostituée ni le paiement d'un chien, quel que soit le voeu que tu aies fait: car tous deux sont en abomination à Yahvé ton Dieu. Juges 19 22-24 22 Pendant qu'ils se réconfortaient, voici que des gens de la ville, des vauriens, s'attroupèrent autour de la maison et, frappant à la porte à coups redoublés, ils dirent au vieillard, maître de la maison: "Fais sortir l'homme qui est venu chez toi, que nous le connaissions." 23  Alors le maître de la maison sortit vers eux et leur dit: "Non, mes frères, je vous en prie, ne soyez pas des criminels. Après que cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie. 24  Voici ma fille qui est vierge. Je vous la livrerai. Abusez d'elle et faites ce que bon vous semble, mais ne commettez pas à l'égard de cet homme une pareille infamie." Jude 1 7-8 7 Ainsi Sodome, Gomorrhe et les villes voisines qui se sont prostituées de la même manière et ont couru après une chair différente, sont-elles proposées en exemple, subissant la peine d'un feu éternel. 8 Pourtant, ceux-là aussi, en délire, souillent la chair, méprisent la Seigneurie, blasphèment les Gloires. Ruth 3 9 Qui es-tu? Dit-il. Je suis Ruth, ta servante, lui dit-elle. Etends sur ta servante le pan de ton manteau, car tu as droit de rachat 1 Samuel 18 1-4 1 Lorsqu'il eut fini de parler à Saül, l'âme de Jonathan s'attacha à l'âme de David et Jonathan se mit à l'aimer comme lui-même. 2 Saül le retint ce jour même et ne lui permit pas de retourner chez son père. 3 Jonathan conclut un pacte avec David, car il l'aimait comme lui-même: 4 Jonathan se dépouilla du manteau qu'il avait sur lui et il le donna à David, ainsi que sa tenue, jusqu'à son épée, son arc et son ceinturon. Ezéchiel 16 8 Alors je passai près de toi et je te vis. C'était ton temps, le temps des amours. J'étendis sur toi le pan de mon manteau et je couvris ta nudité; je m'engageai par serment, je fis un pacte avec toi - oracle du Seigneur Yahvé - et tu fus à moi.

ganymede   ganymede

• Grèce antique
- L’un des fondements social de la société grecque fut la pédérastie, participant au renforcement du rôle de citoyen-soldat des jeunes garçons des classes élevées de ces sociétés. Le meilleur exemple historique étant le Bataillon sacré de Thèbes où cent-cinquante couples affrontaient le monde ! La pédérastie étant le catalyseur du courage guerrier. Mais tout comme l’hétéro-socialité, elle était fortement régie. Ainsi, paiderastès, pédéraste et pais, garçon (moins de 20 ans), erastès, celui qui aime, érogène, celui qui est aimé ont chacun leur rôle, seul l’éraste peut désirer, l’éromène ne peut le faire, et ce n’est même pas concevable. Le kinaïdos – le demi-homme, aux gestes et aux comportements féminins, à la figure fardée, était méprisé par toute la société. Les Grecs faisaient une distinction fondamentale entre actif et passif, hétéros ou homos, exemples de quelques moqueries contre les érogènes et passifs dans les comédies dont celles d’Aristophane: katapugos, enculé, euruprokos, à l’anus béant, kinoumenos, qui se laisse masturber… Mais aucune de ces relations ne pouvait être violente car, contre un citoyen en Grèce, la violence impliquait la mort.
On retrouve donc dans la mythologie fondatrice de la société, des exemples fort connus et représentés dans tous les arts, vases, céramiques, cratères, amphores, qui montrent les jeux érotiques entre barbus et non-barbus, baisers, pénétrations intercrurales, anales, et des approches dites par le haut et par le bas: Zeus et Ganymède, prince troyen enlevé dans les airs, érogène qui finira en Constellation, celle du Verseau, Apollon et Hyacinthe, Pélops et Poséidon, Achille et Patrocle, Laïos et Chrysippe
- un orateur anonyme athénien du Ve siècle déclare: Nous avons les courtisanes pour le plaisir, les concubines pour les soins quotidiens du corps, les épouses pour qu’elles nous donnent des enfants légitimes et soient fidèles gardiennes de notre intérieur. Les femmes n’étaient pas citoyennes, leur rôle civique se limitait à donner des héritiers masculins pour assurer la descendance de leur mari. La formule consacrée était: Je donne en gage ma fille pour la mise au monde d’enfants légitimes, et avec elle une dot de [...]
- une loi athénienne attribuée à Solon établissait que la jeune fille qui avait eu des rapports sexuels avant le mariage cessait d’appartenir à la famille et pouvait être vendue comme esclave
- à Athènes, le célibat masculin était mal considéré et à Sparte, il était puni par la loi
-VIIe Alcman, Sparte, dans les Parthénées, chants pour les chœurs de jeunes filles qui participaient de leur éducation : … Je suis rompue de désirs, / elle me lance des regards plus envoûtants / que le sommeil ou la mort; / et sa douceur et souveraine. / […] Ah! Si elle s'approchait et saisissait / ma main abandonnée, je deviendrais sa…
-VIe Anacréon : … mais celle-ci / - elle vient en effet de Lesbos la bien bâtie - / dédaigne ma chevelure, effectivement blanche, / et reste bouche ouverte devant une autre.
-V -IV Platon dans le Banquet : … quant à celles des femmes qui sont une part de femme, elles ne prêtent aucune attention aux hommes, leur inclinaison les porte plutôt vers les femmes, et c'est de cette espèce que viennent les hetaïristriai. (mot inventé par Platon, il désigne les femmes attirées très fortement par les femmes)
- vers - 630 av. Sappho, à Mytilène, sur l'île de Lesbos, qui vécut à la même époque que Bouddha, fut la chef de file d’une communauté de femmes, Thiasos, dans laquelle des femmes étudiaient la danse, la musique, les arts… , immortalise la passion amoureuse entre femmes dans ses poèmes. Sappho parle non seulement de l’amour - ce qui est exceptionnel puisque une femme de la Grèce antique n’est pas censée aimer, c’est le privilège de l’homme et/ou du mari -, mais du désir, ce qui est encore plus étonnant…
«J’ai servi la beauté / Était-il en effet pour moi / Quelque chose de plus grand ?»
«Je t’aimais, Atthis, depuis si longtemps / Tu n’étais à mes yeux qu’une petit fille / inahabile à l’amour.»
«De nouveau me tourmente Eros / briseur de corps / douceur-blessure / invincible serpent! // Atthis, c’est donc toi / qui trouves odieux de penser à moi / et c’est toi qui voles / vers une Andromède! // Quelle est donc cette rustaude / qui a ensorcelé ton cœur / avec sa robe de rustaude ?/ Elle ne sait même pas / relever sur ses chevilles / ses loques. …»

- -470-400 Aspasie érudite à Athènes concubine de Périclès modèle d'intelligence selon Socrate; les écrits de Platon, Aristophane et Xénophon, entre autres, mentionnent son existence
- -IIe siècle Lucien de Samosate écrit Dialogue des courtisanes dans lequel Megilla se renomme Mégillos et porte une perruque pour couvrir sa tête rasée. Elle épouse Demonassa de Corinthe. Son amie Leaena commente: Ils disent qu'il y a des femmes comme ça dans Lesbos, avec des visages comme les hommes, et qui ne veulent pas frayer avec les hommes, mais seulement avec les femmes, comme s'ils étaient eux-mêmes des hommes. Mégillos séduit Leaena, qui estime que l'expérience est trop dégoûtante à décrire en détail
- IIe Clément d’Alexandrie premier lettré grec chrétien Le Pédagogue III : … On recherche tout, on expérimente tout, on transgresse tout, on nie la nature, les hommes jouent le rôle sexuel des femmes, les femmes font les hommes, possédées contre nature ou possédant des femmes… Abominable spectacle ! Abjecte conduite !
- II Plutarque dans la Vie de Lycurgue XVII : … Alors que l'amour était tellement en honneur chez eux que les femmes les plus honnêtes s'y éprenaient elles-mêmes des jeunes filles…

-S---

• Rome antique
À la différence de la Grèce, chez les Romains, la référence essentielle était dominant / dominé - pénétrant /pénétré - famé / infamie - uirtus /mollitias bref toute la « masculinité » sociale est l’identifiant.
Les statuts étaient « simples », la sexualité binaire : pénétration ou non, hommes libres d’un côté et femmes, esclaves et leurs enfants, enfants de moins de 12 ans, affranchis de l’autre…
Les garçons étaient citoyens dès 14 ans et le mariage était possible dès l’âge de 12 ans, les pueri delicati étaient alors affranchis. La procréation était mise en avant, mais si pour les femmes la norme est le non-plaisir pour les hommes, éphèbes et prostituées sont courants.
Les mères de trois enfants étaient, à partir du 1er siècle av., juridiquement émancipées et au 1er siècle Domitien interdit la castration des esclaves qui pouvaient servir à certaines femmes mariées riches.
Fellation et cunnilingus étaient des actes dits avilissants.

---

- 227 la loi Scatinia, attribuée à C. Scantinius, tribun du peuple, ne prévoyait qu’une peine d’amende pour les relations entre hommes libres car l’un devenait par le sexe l’esclave d’un autre; mais le maître pouvant disposer librement de son esclave. La loi semble être tombée en désuétude au début de l’ère chrétienne.
Catulle (84 av.-54 av.), poète romain à l’œuvre variée, vit une liaison éprouvante avec Lesbie et éprouve un amour non partagé pour un jeune Romain, Juventius, auquel il dédie de nombreux poèmes. Ce jeune garçon se donne à un autre poète, Furius, ce qui exacerbe sa jalousie et sa souffrance :  Ah ! s’il m’était donné, Juventius, de baiser sans cesse tes yeux si doux, Trois cent mille baisers ne pourraient assouvir mon amour ; Que dis-je ? fussent-ils plus nombreux que les épis mûrs de la moisson, Ce serait encore trop peu de baisers. 
Auguste (63 av.-14 ap.), né sous le nom de Caius Octavius, d’abord appelé Octave puis Octavien, porte le nom de Imperator Caesar Divi Filius Augustus. Premier empereur romain, il promulgue les lois Julia dont une oblige les citoyens à se marier et une autre punit l’adultère.
Ovide (43 av.-‎17 ou 18 ap.), poète latin, Des Métamorphoses décrit la naissance et l'histoire du monde gréco-romain. Ainsi, dans la mythologie grecque, à la naissance de Iphis, sa mère fait croire à son père que sa fille est un garçon pour qu’il ne l'abandonne pas; mais un jour, elle rencontre Ianthé et toutes deux tombent amoureuses. Dans ce texte les relations physiques entre deux femmes sont présentées comme impossibles. Iphis aime sans espérance; vierge, elle brûle pour une vierge; et cet obstacle irritant son amour, et retenant à peine ses larmes:  Quel succès, dit-elle, puis-je espérer en aimant? quelle est cette passion étonnante, et bizarre, et nouvelle? les dieux m'ont-ils été favorables en détournant l'arrêt de mon trépas? et s'ils voulaient me conserver la vie, devaient-ils me donner des penchants que condamne la nature? 
Philon d’Alexandrie (25 av.-50 ap.) philosophe hellénisé, dans De Abrahamo fustige l’«homosexualité» hellénistique et la rapproche de la pratique des Sodomites
Phèdre (15 av.-50 ap.), fabuliste latin, a écrit plus d'une centaine de fables souvent inspiré d’Ésope; il écrit dans l’une d’elle: Le premier homme demanda quelle raison avait présidé à la création des tribades et des hommes mous ? Tribas en latin, transcription du grec tribas, il s’agit ici d'une des premières occurrences du mot en latin
Pétrone (14-66), écrivain romain, considéré comme le premier romancier européen, Le Satyricon, récit des aventures, dans une Rome décadente (avant la fin du Ier siècle) de deux jeunes homosexuels, Encolpe et Ascylte, ainsi que du jeune amant du premier, l'adolescent Giton…
Flavius Josèphe (37-100), historiographe judéen de langue grecque, considéré comme l'un des plus importants de l’antiquité gréco-romaine, dans Antiquités utilise pour la première fois le terme de sodomie pour les pratiques homosexuelles.
Martial (vers 40-vers 104), poète d’épigrammes érotiques et pédérastiques : « Ici, tu ne trouveras ni Centaures, Gorgognes, ni Harpies : notre page sent l'homme » … « Jouir de la vie et la vivre pleinement ou Pour être aimé, il faut aimer ». « Tu as l'audace d'accoupler deux cons / et cette union inouïe imite l'étreinte mâle. / Tu as imaginé ce prodige digne de l'énigme thébaine : / un adultère commis sans homme ! »
Juvénal (50 -128), poète satirique, aborde sur le ton de la farce le jeu politique et le politiquement incorrect, pères-la-pudeur qui dissimulent mal leur homosexualité sous leurs mâles paroles et leurs vêtements de soie diaphane, « efféminés » qui se marient entre eux…
Jamblique (245-325), philosophe néo-platonicien, raconte dans Le Babyloniaka l’histoire d’une princesse égyptienne, Bérénice, et de ses amours sauvages et « contre-nature» avec Mesopotamia, qu’elle épouse.
• 305-306 concile d’Elvire pour l’excommunication des stupratores puerorum - les séducteurs d’enfants - même in articulo mortis (au moment de la mort ); décrète l’abstinence sexuelle des prêtres; proscrit les mariages avec des non-chrétiens et condamne l’étroite fréquentation des juifs
• 306 Constantin Ier trente-quatrième empereur romain et le premier à se convertir au christianisme ; le siège de l’Empire romain se déplace à Constantinople.
• 313 la religion chrétienne devient religion d'état sous l'empereur Constantin

Le judéo-christianisme

--

• 314 concile d’Ancyre contre ceux qui sont désignés comme alogeusamenoi - ceux qui s’adonnent à la bestialité-homosexualité, quinze ou vingt ans de pénitence
• 342 un texte législatif condamne l'homosexualité passive. Sous l'influence de personnes telles qu Augustin, ces lois deviennent de plus en plus sévères. Après avoir été qualifiées de crime contre la dignité humaine, les relations entre hommes deviennent un crime contre nature.
• 363 Concile de Laodicée définit la liste des écritures retenues pour former le Nouveau Testament, sans l’Apocalypse. Testament du latin testament, témoignage et du grec testament, contrat, convention. Le canon se clôt à 27 livres. Canon 11 défend de donner des responsabilités aux femmes dans l'Église et dans les assemblées, le Canon 30 défend aux chrétiens de se baigner avec les femmes, d'autant que cela est même condamné chez les païens. L’ultime fixation date des alentours de l’an 400.
Le christianisme n'a été que l'eau qui est venue arrosée les graines d'homophobie qui préexistaient dans divers codes moraux de nos sociétés.
• 390 l'empereur Théodose (379-395) rejette officiellement l'homosexualité, une infamie qui condamne le corps viril, transformé en corps féminin, à subir les pratiques réservées à l'autre sexe. Il n’y a plus le distinguo passif/actif, mais une condamnation totale de l'homosexualité où l’on prévoit même le bûcher. Le contexte est difficile : le taux de mortalité atteint des sommets, l’âge moyen tombe à 25 ans et moins de 25% de la population arriver à dépasser la barre des 50 ans, donc favoriser la procréation. Et, émerge une attitude sociale, la morale chrétienne, opposée à celle de la décadence impériale
- avril Massacre de Thessalonique : des marchands et artisans de Salonique ruinés se soulèvent après qu'on les ait privés de courses à la suite de l'emprisonnement d'un cocher qui avait entretenu des relations homosexuelles. Le commandant de la garnison Butheric et des officiers impériaux sont tués. Ayant ordonné le massacre de 7000 insurgés dans le cirque, l'empereur Théodose Ier est excommunié par Ambroise de Milan. Il est contraint à une expiation publique.
• 394 le Concile régional de Nîmes abroge le diaconat des femmes
• vers 400 ultime fixation du canon, le Nouveau Testament. Paul dans ses Épitres : Les femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre-nature. De même les hommes, abandonnant l'usage naturel de la femme, se sont enflammés de désir les uns pour les autres et commettent, homme avec homme, des choses infâmes. (Ro 1:26-27) … Ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni efféminés, ni homosexuels, ni voleurs, ni avares, ni ivrognes (...) n'hériteront du Royaume de Dieu. (I Cor 6:9-10) Le rejet de la prostitution sacrée masculine :  Juda il y eut même des prostitués sacrés (lat. effeminati) dans le pays, ils agirent selon toutes les abominations des nations que le Seigneur avait dépossédées devant les fils d'Israël. (Rois 14, 22-24). Il n'y aura pas de courtisane sacrée parmi les filles d'Israël; il n'y aura pas de prostitué sacré parmi les fils d'Israël. (Deutéronome 23, 18-19)
Mais les textes bibliques n'intègrent pas l'homosexualité féminine et la sodomie de la femme consentante est une pratique sexuelle non mentionnée parmi les interdits. Même si le mariage est un commandement ainsi que la procréation. (Genèse 2:18)
• Parmi les pères et docteurs de l'Église latine :
Tertullien (150/160-230/260) Les passions qui conduisent aux actes homosexuels ne sont pas seulement des péchés, mais des caractéristiques qui n'appartiennent pas à la nature humaine et par conséquent excluent de toute communauté ecclésiale.
Ambroise de Milan (340-397) Le viol des filles de Loth est moins grave que le viol de ses hôtes masculins, car le premier appartient encore à l'ordre de la nature.
Jean Chrysostome (344/349-407) Père grec des Églises catholique romaine, byzantine orthodoxe et orientales. La sodomie est un acte infâme qui fait souffrir l'âme plus que le corps, qui fait sortir l'homme de sa nature humaine et le place, dans la hiérarchie des êtres, en dessous des animaux sans intelligences (les brutes). C'est enfin une promesse d'enfer à l'image de celui suscité par la punition de Sodome et de Gomorrhe. Son origine est la recherche du plaisir et l'oubli de la crainte de Dieu.
Augustin d’Hippone (354-430) Le fait que Dieu ait puni Sodome par une pluie de feu montre à quel point les actes homosexuels tombent sous le jugement condamnatoire de Dieu.
Grégoire Ier (540-604) 64e pape, La punition de Sodome par le soufre et le feu montre par analogie la puanteur et la souillure de la chair et de ses désirs pervers.
• 415 mort d’Hypatie accusée par l’Église d’Alexandrie de «perfidie satanique»; elle fut dépecée à coups de tessons, châtiment réservé aux magiciennes et «sorcières»
• 438 Code théodosien de Théodose II, dernier à régner sur l'Empire romain unifié, déclare: Tous les « homosexuels » passifs qui se prostituent dans des lupanars doivent être brûlés vifs. L'Église considérant l'inhumation du corps entier comme condition à la résurrection, la crémation infligeait une double peine, temporelle et spirituelle
• 476 septembre Dissolution de l’Empire romain, abdication de Romulus Augustule
• 506 le concile d’Agde (règne d'Alaric II de religion arienne) interdit de donner le voile aux moniales avant l'âge de quarante ans. Selon le Concile de Chalcédoine (451), avant cet âge on ne pouvait ordonner les diaconesses. De même, le concile définit les futures règles de clôture: Les monastères de femmes seront situés à une bonne distance des monastères de moines, tant à cause des embûches du diable qu'en raison des médisances des gens.
• 529 puis confirmation en 534 le Digeste de Justinien, pandestes, abolit la noxea datio qui permettait à un père de famille de livrer son enfant en réparation des dommages qu’il avait commis; les enfants naturels se voient reconnaître un droit de succession; réduction de la rigueur des mutilations, interdiction de faire couper les deux mains et les deux pieds aux criminels et de la mutilation pour les voleurs
• 543 épidémie de peste à Constantinople, nouvelle Novella de Justinien où la sodomie est directement nommée
• 553 l’empereur Justinien (527-565) fait condamner tout acte homosexuel par la castration et le bûcher.
- la loi de Théodose est réaffirmée par Justinien, premier empereur à employer contre-nature pour les impudicus, les homos passifs, puis dans les capitulaires de Charlemagne: De peur que le peuple et l’Empire tout entier ne soient perdus à cause de ces péchés. Dans ce capitulaire, la sodomie est associée à la sorcellerie. On ne retrouve aucune trace de son application à la sodomie homosexuelle sur le territoire de l’Europe avant le dernier quart du Xllle siècle; apparition des pénitentiels, sorte de manuels à l’usage des confesseurs pour la pénitence privée dans l’Église celtique d’Irlande et du Pays de Galle, qui se propagent partout en Europe; ils hiérarchisent les «péchés». La sodomie y est plus grave que la masturbation mutuelle

-

- Grégoire Ier, dit le Grand (540-604), 64e pape ; selon lui, la punition de Sodome par le soufre et le feu montre par analogie la puanteur et la souillure de la chair et de ses désirs pervers
- édition de la Loi salique entre le IV et le VIe siècle. L’un de ses buts étaient de mettre fin à la faide, la vengeance privée chez les Francs, les Saliens puis chez les quatre grands du royaume des Francs : Wisogast, Arogast, Salegast, Widogast ; après Clovis, elle sera remaniée par Charlemagne (798) et les successeurs. Rédigés en latin et comportant de forts emprunts au droit romain, ses 65 ou 100 titres portent sur les sujets les plus variés : un individu tué par faide devait voir sa tête plantée sur un pieu de fortification ou au bout d’une lance par son meurtrier afin que ce dernier fût signalé aux autorités ; tarifs que doit payer la partie coupable à la partie lésée, toucher la main d’une femme : amende de 15 sous, toucher une femme de la main au coude : 30 sous ; toucher une femme du coude à l’épaule : 35 sous; toucher une femme jusqu’au sein : 45 sous…
Les mariages incestueux sont interdits, cet article permit l’éviction des oncles et cousins de la famille royale de la succession. À l’égard de la terre salique, aucune portion de l’hérédité ne sera recueillie par les femmes; mais l’hérédité tout entière sera dévolue aux mâles. Quiconque aura enlevé une femme mariée, pendant la vie du mari… Quiconque aura abusé, par violence, d’une jeune fille de condition libre, sera condamné… Quiconque aura coupé la chevelure d’un jeune garçon, sans la participation de ses parents, sera condamné… Quiconque, après avoir demandé une fille en mariage, en présence des siens et des parents de la fille, refusera ensuite de l’épouser, sera condamné à payer… L’éviction, au XIVè siècle, des femmes du trône par les Capétiens fut permise par un article isolé de son contexte et non du pouvoir qu'elles exercèrent notamment lors des régences……
Apparition des règles monastiques et des pénitentiels pour la sanction des « fautes ». Ainsi, celui de Colomban de Luxeuil, moine missionnaire irlandais : Si quelqu'un a commis de fait un péché parmi les péchés les plus importants, s'il a commis un homicide ou le péché de sodomie, qu'il fasse pénitence pendant 10 ans, si un moine a forniqué seulement une seule fois, qu'il fasse pénitence pendant 3 ans, si cela était plus souvent, pendant 7 ans (...) Un an de pénitence au pain et à l’eau au père ou à la mère qui abusent de leur enfant…
• 693 le XVIe concile de Tolède affirme (paragraphe 3): Le progrès du sodomisme rend nécessaire la promulgation de peines sévères. Si un évêque, un prêtre ou un diacre se rend coupable de ce péché, il sera déposé et exilé à tout jamais. En outre, l'ancienne loi en vertu de laquelle les pécheurs de cette espèce sont exclus de tous rapports avec les chrétiens, sont battus honteusement, dépouillés de leurs cheveux, et exilés, continue à rester en vigueur. S'ils n'ont pas fait une pénitence suffisante, on ne devra pas, au lit de la mort, leur accorder la communion.
• 789 1er capitulaire de Charlemagne: pénitence dure et stricte pour ceux qui pèchent contre la nature avec des quadrupèdes ou des mâles (!)
• 803 8e capitulaire de Charlemagne empereur: adultère, fornication, luxures sodomitiques et inceste comportent la même peine que le sacrilège [la mort]
sous l'impulsion de Louis Ier le Pieux (roi de 814 à 840) les monarques francs se convertissent à la monogamie par soucis religieux et pour s'opposer aux coutumes des Barbares
• 914 Empire Byzantin, premières traces écrites du mot lesbienne dans un commentaire théologique pour faire référence à des relations entre femmes
• Odon de Cluny, ordre de Saint-Benoît, Si les hommes voyaient ce qui est sous la peau, la vue des femmes leur soulèverait le cœur?: cette grâce féminine n’est que saburre, sang, fiel. Quand nous ne pouvons toucher du doigt un crachat ou de la crotte, comment pouvons nous désirer embrasser ce sac de fiente ?
• Décret de Burchard, v. 965-1025, évêque et auteur d'un recueil de droit canonique en 20 volumes, le Collectarium canonum ou Decretum. Extraits du Pénitentiel de Théodore : Une femme forniquant par quelque moyen, soit avec elle-même, soit avec une autre, qu'elle fasse pénitence pendant trois ans. … Si une religieuse a forniqué avec une autre religieuse à l'aide de quelque instrument, qu'elles fassent pénitence pendant sept ans. … Celui qui a forniqué comme un Sodomite, s'il est esclave, et s'il a été châtié par le balai, qu'il fasse pénitence pendant 2 ans, s'il est libre et marié, 10 ans, s'il est un simple particulier, 7 ans. Le laïc marié, s'il a une telle habitude, qu'il fasse pénitence 15 ans. S'il est dans les ordres, et s'il a une telle habitude, qu'il soit dégradé de manière à ce qu'il fasse pénitence comme un laïc. Celui qui, d'autre part, a forniqué avec un frère naturel, à cause d'un si sale mélange, qu'il s'abstienne de toute viande, et qu'il fasse pénitence pendant 15 ans, et s'il est clerc, il doit être, en plus, chassé.
• Décret de Gratien, moine bénédictin, ses Canons de l'Église latine : Concordia discordantium canonum, ou Décret de Gratien devinrent le fondement du droit canonique et ce pour huit siècles, jusqu'en 1917. L'idée principale est que les actions déshonorantes contre nature sont reconnues comme plus graves, plus graves même que la fornication et l’adultère. Gratien classe la sodomie avec l'inceste, la fornication, la bestialité, dont la pénitence est encadrée par un laps de temps de 7 années…
• 1049 le texte rendant compte du synode de Reims, sous le pape Léon IX, décrit au canon 12: On prononça ensuite l'excommunication contre les sodomites et contre les nouveaux hérétiques qui se montraient dans les Gaules, et aussi contre tous ceux qui accepteraient d'eux une charge ou un service, ou bien qui voudraient les défendre.
• 1051 Pierre Damien prieur rédige le Liber Gomorrhianus, Livre de Gomorrhe, envoyé à Léon IX, dans lequel il dénonce les vices du clergé et en particulier les pratiques homosexuelles de certains de ses membres. Selon lui, les pratiques homosexuelles offensent la nature humaine, la droite raison, la présence de l'Esprit Saint dans l'âme et témoignent d'une possession diabolique. Elles constituent le pire de tous les vices. Ces pratiques ouvrent les portes de l'enfer. Elles poussent à la révolte contre Dieu, séparent des anges, éloignent de la vertu et rongent l'âme en secret. Elles obligent à vivre dans l'hypocrisie et font perdre la dignité humaine !
• 1059 synode de Latran quelques papes renoncent à poursuivre les actes homosexuels
• 1092 à Tours, les habitants chantaient dans les rues les mœurs de l’archevêque, surnommé Flora, accusé par la rumeur publique d’avoir eu l’évêque d’Orléans comme succube
• XIe - dans La Chanson de Roland, texte anonyme, quand Olivier l’ami de Roland meurt dans ses bras, il lui dit: A ciel mot l’un a l’altre ad clinet. / Par telamur as les vus desevred. (Après ces quelques mots, ils s’embrassent l’un l’autre. Les voici séparés en cet élan d’amour.) Cet amour fait écho à d’autres dans La Chanson, Yvon et Yvoire, Gérin et Gérier, qui meurent ensemble.

--

• 1102 le synode de Londres déclare au canon 28: La sodomie est frappée d'excommunication et au canon 29: Tous les dimanches, on proclamera cette sentence d'excommunication dans toute l'Angleterre
• 1120 le concile de Naplouse
- prévoit la peine de mort sur le bûcher pour les sodomites: Si quelque adulte a été reconnu s'être souillé volontairement du dérèglement de Sodome, tant activement que passivement, qu'il soit brûlé entièrement (chapitre 8); Si quelqu'un a subi une première fois le crime sodomite et qu'il l'a caché, s'il s'est laissé souillé une seconde fois et qu'il ne l'a pas exposé à la justice, là où cela a été reconnu, qu'il soit jugé comme Sodomite (chapitre 10); Si quelque Sodomite, avant d'être accusé, s'est repenti, et que, conduit par la pénitence, il a renoncé par serment à cet abominable dérèglement, qu'il soit reçu dans l'Église et jugé selon la sentence des Canons. Mais s'il est retombé de nouveau dans ce [dérèglement], et qu'il veut de nouveau faire pénitence, qu'il soit, certes, admis à la pénitence, mais qu'il soit banni du Royaume de Jérusalem (chapitre 11)
- cinq canons ont trait aux relations sexuelles entre chrétiens et musulmans: si une chrétienne a des relations sexuelles volontaires avec un Sarrasin, tous deux seront jugés pour adultère; si elle a été violée par lui, elle ne sera pas tenue pour coupable, mais le Sarrasin sera fait eunuque. Ces canons seraient empruntés aux lois byzantines interdisant les relations sexuelles entre maîtres et esclaves, bien que le droit byzantin, plus sévère, sur cette question prévoyait la peine capitale.
- peines prévues pour l’adultère: castration et expulsion pour l'homme, mutilation du nez et expulsion pour la femme

--

• vers 1130 à Sens, un nouveau style architectural apparaît lors de la construction de la cathédrale Saint-Étienne... Début de l’art ogival, sculpteurs et peintres commencent à exalter le corps féminin avec, au choix, l'apparence de la vierge Marie ou d'Eve.
• les femmes de haut lignage prennent part à l'art poétique et participent à l'exercice du pouvoir, à l'égal de leur mari ou en remplacement de celui-ci, comme Aliénor d’Aquitaine (1120 - 1204) qui divorce du roi de France et se remarie avec le futur roi d'Angleterre ! En 1147, elle prend part à la deuxième croisade, traversant l'Europe et l'Anatolie à cheval, la Méditerranée en bateau. Son de son arrière-petite-fille, Blanche de Castille (1188 - 1252) qui gouverne, au nom de son fils âgé de 12 ans avec le titre de baillistre puis de 1249 à 1252 quand son fils Louis (saint) part à la croisade. On peut dire que les femmes perdront leur autonomie à la Renaissance, avec le retour du droit romain et son statut d’infériorité des femmes.
• 1179 concile de Latran III de péché mortel la sodomie devient crime; les peines sont variées selon l'âge au moment des faits et le rôle tenu pendant l'acte : mutilation, flagellation, saisie des biens, amendes, bûcher; Ceux que l'on reconnaîtra souffrir de cette incontinence qui est contre nature, à cause de laquelle la colère de Dieu vient sur les fils de la défiance et a consumé les villes par le feu, seront, s'ils étaient clercs, chassés du clergé et réduits à faire pénitence dans les monastères; S'ils sont laïcs, qu'ils soient soumis à l'excommunication, et qu'ils soient retranchés de l'assemblée des fidèles (canon 11)
• 1184 le concile de Vérone institue l’Inquisition épiscopale: les autorités ecclésiastiques désignent les hérétiques qui sont châtiés par le pouvoir temporel, définit l'hérésie à l'aide du droit canonique et institue l'usage du bûcher
• 1215 le IVe concile du Latran convoqué par Innoncent III qui réglemente l’obligation de se confesser et de communier au moins une fois l'an, à Pâques, la confession auriculaire apparaît ainsi qu’un nouveau personnage, le curé ; publication des bans à l'occasion des mariages qui deviennent un sacrement religieux indissoluble et, pour la première fois dans l'Histoire, les femmes peuvent dire non ou oui ; impose aux juifs le port d'un insigne distinctif ; impose aux seigneurs de poursuivre les sodomites sur leurs terres, sous peine d'excommunication ; condamne les doctrines vaudoise et cathare qui sanctifient la pauvreté et le renoncement aux valeurs matérielles ; émet un canon sur la question de l'incontinence des clercs, les enjoint à se garder de tout vice du désir déréglé et particulièrement, de celui à cause duquel la colère de Dieu vient du ciel sur les fils de la défiance.

---

• 1220 l'exclusion des femmes de la médecine fut progressive et atteignit son terme vers 1220; seuls les hommes non mariés peuvent faire ces études. En 1344, la faculté de médecine de Paris intenta un procès à une dame Jacobe Félicie pour avoir acquis des connaissances médicales et donner des preuves excellentes dans sa pratique. Elle fut condamnée en dépit des nombreux témoignages de patients qu’elle avait guéris
• vers 1255 le dominicain Jean de Mailly publie la première version de l’histoire de la Papesse Jeanne dans Chronique universelle ; plus d’une dizaine de versions d’auteurs différents seront ensuite publiées ; femme du IXe siècle travestie en homme, elle est utilisée par les catholiques et les protestants en renforcement des doctrines misogynes du Droit canon. Elle réapparaît au XIVe siècle avec Boccace, puis au XVIe dans Frau Juttaz où les luthériens en font un disciple de Lucifer contre les non-réformés ; en 1777, la Papesse Jeanne, de Charles Bordes, est une libertine et en 1793 elle devient l’un des symboles de l’anticléricalisme républicain. Puis, Brecht, Singer…
• 1256 Espagne Alfonso X de Castille promulgue un Code civil qui punit de castrations et de lapidation le péché contre-nature
• 1260 Orléans, lois édictées contre les rapports entre personnes de même sexe ; sanctions : excision du clitoris ou des testicules la première fois, seins ou pénis la deuxième fois, bûcher la troisième
• Xllle Thomas d'Aquin, philosophe et théologien scolastique de l'ordre mendiant des Dominicains ; pour lui la sodomie est une faute mortelle contre la nature. Or un péché mortel entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. C'est le plus grave des péchés dans le genre de la luxure qui concerne, par définition, ce qui viole l'ordre et la mesure de la raison dans le domaine sexuel. Il constitue une grave injure contre Dieu, son ordonnateur. La sodomie est un péché plus grave que le péché de bestialité, il détourne l'homme du but que Dieu a attribué à l'union sexuelle : la procréation
• 1327 en Angleterre, le roi Edward II, qui ne faisait pas mystère de son amour pour Gaveston, sur l’intigation de sa femme Isabelle et de son amant Mortimer, est déchu, castré et empalé par le rectum
• 1335 sodomie et hérésie vont être présentées comme des crimes associés mais distincts, la sodomie étant un des signes de l’hérésie; petit à petit hérésie et sodomie vont être confondues: la sodomie est qualifiée de grande hérésie et de grande mauvaiseté dans un arrêt rendu en plein Parlement de Paris
• 1372 à Reims, un prostitué travesti nommé Rémon est conduit au bûcher
• XlVe le prédicateur Jacques de Vitry écrivait qu’à Paris le vice honteux et abominable de sodomie est tellement en vigueur que celui qui entretient publiquement une ou plusieurs concubines est réputé honorable. Sous l'influence des thèses de Saint-Thomas, l’Église lance une vaste offensive pour contrôler la sexualité des individus ne devant avoir qu’une seule fonction : la procréation dans le mariage obligatoirement officialisé devant l’église.

---

• 1402 Christine de Pisan (1364-1430), philosophe, poétesse, première femme écrivain de langue française ayant vécu de sa plume. Son érudition « universaliste » la distingue des écrivains de son époque. Veuve et démunie, elle élève sa famille en écrivant. Elle lance la première querelle littéraire de France après la parution du second Roman de la Rose de Jean de Meung, antithèse de la première écrite par Guillaume de Lorris (vers 1245). Elle trouve l’Argument… contre de Meung qui accuse, blâme et diffame les femmes de plusieurs très grands vices et prétend que leurs moeurs sont pleins de toutes perversités mais Si les femmes ont tous les défauts que de Meung leur prêtent, pourquoi s’en approcher !!!!! Dans Le livre de la Cité des dames, elle reproche aux hommes : repputer à elles estre grands crime ce que ils tiennent à eux estre petit deffault et Si la coutume, était de mettre les petites filles à l’école, et que communément on leur fît apprendre les sciences comme on fait aux fils, elles apprendraient aussi parfaitement et entendraient les subtilités de tous les arts et sciences comme ils font.
• 1431 30 mai Jeanne d'Arc, schismatique, apostate…, est brûlée place du Vieux-Marché à Rouen, embronchée (voilée), dotée de la mitre de l'infamie, placée à plus de 3 mètres de hauteur pour qu'il ne reste que ses cendres, jetées dans la Seine pour qu'on ne puisse en faire des reliques, brûlée vive (ce qui était rare) car elle avait contrefait l’homme !
• 1432 Italie Florence création d’un tribunal spécial contre la sodomie
• 1436 Jeanne des Armoines à Metz prétend être Jeanne d'Arc, elle est d'ailleurs reconnue comme telle par les deux frères de la vraie Jeanne; elle est arrêtée en 1456 parce qu'elle porte des vêtements d'homme après la réhabilitation de Jeanne
• 1440 Gilles de Rais, chevalier et seigneur de Bretagne, d’Anjou, du Poitou, du Maine, et d’Angoumois, jugé par l’officialité de Nantes pour hérésie, sodomie et meurtres de « cent quarante enfants, ou plus. » Simultanément, il est condamné à la pendaison et au bûcher par la cour séculière nantaise pour s'être emparé indûment du château de Saint-Étienne-de-Mer-Morte ainsi que pour des crimes commis sur « plusieurs petits enfants » sans précision de leur nombre. Il est conduit au bûcher
• 1482 le chevalier de Hohenberg et son valet sont brûlés vifs sous les remparts de Zurich
• 1486-1535 Corneille Agrippa de Nettesheim, docteur ès-lettres et docteur en médecine, et esprit universaliste, publie en l'honneur de Marguerite de Bourgogne, un traité en latin intitulé De la noblesse et préexcellence du sexe féminin (1509) dans lequel il rappelle que Ève est née au Paradis et qu'elle joue un grand rôle dans la génération. Il fait l'éloge des femmes de la Bible : Marie est meilleure que le meilleur des hommes, et la pire des femmes l'emporte sur Judas…

613 Brunehaut reine des Francs-lais-Angoisses douloureuses-Christine de Pisan

• Moyen Age
- condamnation à mort de femmes pour : porter l’habit d’homme, dissimulation de l’état de femme, utilisation de l’état d’homme
- en Castille (XIIIe), les hommes ayant péché ensemble sont castrés devant la foule puis pendus par les jambes
- le vieux traité juridique Li livres de jostice et de Plet est la première référence à une sanction légale pour lesbianisme semblable à celle de l'homosexualité masculine. Il prescrit démembrement sur les deux premières infractions et la mort par le feu pour la troisième. En Espagne, Italie et Saint Empire romain germanique, la sodomie entre femmes est incluse dans les actes considérés comme anormaux et punissables par la combustion à mort; la première exécution s'est produite dans Speyer, en Allemagne, en 1477
- la torture fut pratiquée pendant tout le Moyen Âge dans le but de maîtriser les défauts et les péchés de la société; il fallait payer par là où on a péché !! et selon le code juridique de la douleur: nombre de coups de fouet, longueur de l'agonie, type de mutilation... Pour le péché de sodomie, du bougre, le prêtre avait besoin de l'accord d'un évêque. Le terme bougrerie, dérivé de boulgre, qui signifie bulgare, était utilisé pour désigner les bogomiles de Bulgarie qui en tant qu’hérétiques étaient considérés comme forcément dépravés
- le premier procès en sorcellerie à Paris est celui de Jeanne de Brique, dite La Cordelière, le 29 octobre 1390 : jugée par le Parlement, elle est brûlée vive le 19 août 1391
- Trotula de Salerne, gynécologue prônant l'accouchement sans douleur; on lui doit différents ouvrages qui jetèrent les bases de la médecine pour les femmes dont Les Maladies des femmes, De passionibus mulierum
• 1484 le pape Innocent VIII connut pour la bulle Summis desiderantes affectibus qui étendit le rôle de l’Inquisition à la chasse aux sorcières et pour son soutien à l’Inquisition espagnole menée par Torquemada. Les premières chasses aux sorcières commencent. La majorité des accusés sont des femmes, en grande partie pauvres, âgées de plus de 50 ans et le plus souvent isolées. Se sont souvent des sages-femmes ou des guérisseuses dépositaires d’une pharmacopée et de savoirs ancestraux
• 1486 publication du Malleus Maleficarum - Marteau des sorcières, traité des dominicains allemands Heinrich Kramer et Jacob Sprenger à Strasbourg, après la bulle de Innocent VIII mettant en garde contre la sorcellerie. L’ouvrage fournissait des directives pour repérer et éliminer les sorcières. Une bonne partie du livre affirme que les femmes, à cause de leur faiblesse et de l’infériorité de leur intelligence, seraient par nature prédisposées à céder aux tentations de Satan. Une grande partie est aussi dédiée à l’illustration des signes, les marques du Diable – pattes de crapaud au blanc de l'œil, taches sur la peau, zones insensibles, maigreur, …– et aux techniques d’extorsion des confessions, des preuves, notamment pesée et ordalie par l’eau glacée, pratique de la torture durant les interrogatoires, fer rougi au feu pour le rasage du corps en son entier des accusées, afin de trouver la fameuse marque du Diable, qui prouverait leur supposée culpabilité. Le traité connu trente-quatre rééditions entre 1487 et 1669 !!!

---

• Début des temps modernes
• 1492
janvier Décret de l’Alhambra signé par Isabelle et Ferdinand: explusion des marrantes d’Espagne. Mais l’Inquisition dirigée par Torquemada rajoute : tous les juifs sont expulsés sans pouvoir emporter leur argent! Ce décret est resté officiellement en vigueur jusqu'en 1967
• 1492 - 1549 Marguerite de Navarre, femme politique suspectée d’hérésie, est, après Christine de Pisan et Marie de France, l'une des premières femmes de lettres françaises. Elle publie de nombreuses œuvres dont Les Marguerites de la Marguerite des princesses où elle montre une reine qui prend position contre l'intolérance ou la pièce la Comédie des Quatre Femmes et L’Heptaméron, recueil de soixante-douze nouvelles racontées en 7 jours. Marguerite de Navarre, sœur de François 1er, avait étudié l’hébreu, le latin, la théologie, la philosophie et les langues vivantes; la cour de Navarre était un foyer intellectuel
• 1497 lors de l’une des épidémies de peste à Venise, les Dix – Comité exécutif et judiciaire du gouvernement de la République de Venise – qualifièrent la sodomie de crime le plus fou, de péché le plus infâme, de désir diabolique. La peste avait une cause sexuelle, les sodomites commerçaient avec le diable. D’ailleurs Bernadin de Sienne, dans ses discours, avaient déjà expliqué que la puanteur d’un sodomite, meurtrier, avait atteint le paradis ! et pour d’autres, les sodomites avaient provoquées des inondations à Florence…
• 1509 Corneille Agrippa de Nettesheim, docteur ès-lettres et docteur en médecine, publie en l'honneur de Marguerite de Bourgogne, un traité en latin intitulé De la noblesse et préexcellence du sexe féminin dans lequel il rappelle que Ève est née au Paradis et qu'elle joue un grand rôle dans la génération. Il fait l'éloge des femmes de la Bible: Marie est meilleure que le meilleur des hommes, et la pire des femmes l'emporte sur Judas

 Poullain de la Barre-Francois De Billon -Marie de Gournay-pilori

• 1510 - 1560 Hélisenne de Crenne, érudite humanistes la traductrice de la seconde traduction de l'Énéide en français, précurseur du roman sentimental, psychologique et épistolaire; on lui doit quatre ouvrages dont Les Angoysses douloureuses qui procèdent d’amours; ainsi que pionnière du "féminisme" dans Les Épistres familières et invectives de ma dame Hélisenne, ses lettres ont trait à l’éducation des femmes et aux amitiés féminines, à la morale, à l’amour et à l’infidélité, lettres en guerre contre le mépris affiché de son époque à l’égard des femmes
• 1512 - 1517 le Ve concile de Latran décide que tous les livres imprimés doivent être soumis à l'avis de l'Église
• 1532 l'empereur Charles-Quint promulgue le premier code pénal du Saint-Empire romain-germanique; l'article 116 stipule que tous ceux qui s'adonnent à la luxure, humain avec animal, homme avec homme, femme avec femme, doivent être brûlés
• 1533 Angleterre, Act 1533 de Buggery, pendant le règne d'Henry VIII, définit la sodomie comme acte sexuel artificiel contre la volonté de Dieu et de l'homme
• 1539 Marie Dentière ou d’Entières, théologienne et réformatrice protestante, contemporaine de Calvin, particulièrement connue pour son Epistre tres utile... dédiée à sa protectrice, la reine Marguerite de Navarre. La majeure partie des 1500 exemplaires du pamphlet sont saisis par les autorités genevoises, l’imprimeur Jean Gérard est jugé et emprisonné. Le texte dénonce avec une violence extrême l’hypocrisie ambiante et la corruption du clergé genevois. Marie Dentière y prône une participation active des femmes en matière de religion et affirme que hommes et femmes sont égaux quant à leur capacité à comprendre les textes sacrés. Avons-nous deux Évangiles, l’un pour les hommes, et l’aultre pour les femmes? L’un pour les sages, et l’aultre pour les folz? Ne sommes-nous pas un en nostre Seigneur?
• entre 1540 et 1726 une dizaine d’hommes sont condamnés à mort pour sodomie
• 1554 le poète et humaniste Marc-Antoine Muret, inculpé mais en fuite en Italie, est condamné au bûcher pour sodomie par le Parlement et brûlé en effigie par contumace
- première édition en grec de deux poèmes de Sappho en France par Henri Estienne
• 1556 un édit déclare coupable et passible de la peine de mort une femme qui n’aurait pas antérieurement déclaré sa grossesse ou son accouchement au curé ou à un juge; l’infanticide et l’avortement sont assimilés à un homicide. De simples témoignages suffiront pour condamner la fautive. Un autre but de l’édit est de permettre l’identification du père afin qu’il puisse assumer sa charge
- apparition pour la première fois du mot tribade pour les lesbiennes sous la plume de Henri Estienne quand il raconte l’histoire d’une femme qui travestie contrefit l’homme et se maria à une femme. Elle fut brûlée vive !
• 1563 le mariage devient un acte solennel avec présence d’un prêtre et célébration publique. Pour éviter la bigamie, l’époux étranger à la paroisse doit présenter une autorisation de célébration rédigée par le curé de sa paroisse
• 1564 Index librorum prohibitorum, Index des livres interdits, catalogue instauré après le Concile de Trente, censure de tous les livres interdits de lecture aux catholiques. – Depuis la Notification de la suppression de l'index des livres interdits, émise par le Vatican en 1559, cet index perd son caractère obligatoire et n'a plus valeur de censure –. On retrouve cette même censure chez les protestants
• 1566 le pape Pie V publie deux constitutions où est évoqué le péché de sodomie. Les sodomites sont désormais livrés aux autorités séculières afin que leur soient appliquées les peines prévues par la loi civile, c'est-à-dire la peine de mort. La première constitution, Cum primum, contient le renouvellement des condamnations prononcées contre les grands pécheurs : simoniaques - acheteurs de biens spirituels -, blasphémateurs, sodomites (porteurs de l’exécrable vice du désir [déréglé] contre nature - libidinal naturæ contrariæ vitium, §. 1 - et concubinaires. Au §. 11, le pape décrète la livraison aux autorités séculières de tout sodomite, clerc ou laïc: Si quelqu’un a commis le crime abominable contre nature, pour lequel la colère divine vient sur les fils de la défiance, qu'il soit livré à la Cour séculière pour être puni et s'il était clerc, qu'il soit soumis à la même peine après avoir été dégradé de tous les ordres. La seconde constitution, Horrendum illud scelus, 1568, condamne les clercs reconnus coupables de sodomie à être dégradés, déchargés de tout bénéfice ou office ecclésiastique et à être livrés à la puissance séculière afin qu'ils soient punis du même châtiment que celui des laïcs: Cet effroyable crime à cause duquel des Villes souillées et avilies furent brûlées par le redoutable jugement de Dieu. (...) Ainsi, à la suite de cela, dégradés par le Juge écclésiastique, qu'ils soient livrés immédiatement à la puissance séculière, [et] qu’elle leur applique le même supplice, que celui concernant les laïcs ayant glissé en cette ruine, [et qui] se trouve être institué par les sanctions légales
• 1573 Ambroise Paré célèbre médecin du XVe siècle considéré comme le père de la chirurgie moderne publie Des monstres et des prodiges. Son livre s'achève sur l'évocation d'un être particulièrement monstrueux participant de la nature du mâle et de femelle, l’hermaphrodite, « monstre », créature hybride à double caractéristique, créature abhorrante, dit plus précisément le texte, mais aussi prodige qui arrive contre le cours ordinaire de la nature. Mais ce «monstre» est une manifestation divine conséquente d’une faute sexuelle : soit du coït a tergo, copulation comme bêtes brutes, soit parce que les femmes souillées de sang menstruel engendreront des monstres !
• 1578 à 1616 à Séville et Grenade soixante hommes au bûcher pour sodomie
• 1579 ordonnance de Blois, la majorité civile est généralement fixée à 25 ans - selon les coutumes locales - et la majorité matrimoniale à 25 ans pour les filles et à 30 ans pour les garçons
• Marie de Gournay, 1565 - 1645, femme de lettres célibataire qui subvient seule à ses besoins. Elle étudie seule le grec et le latin en comparant les textes originaux à leur traduction. À 18 ans elle découvre Les Essais de Montaigne qui la transportent (transsissoient) d’admiration. Elle le rencontre 5 ans plus tard et il écrit l’aimer beaucoup plus que paternellementJe ne regarde plus qu’elle au monde, et vante ses prouesses intellectuelles. Fille d’alliance de Montaigne, elle publia en 1595 la troisième édition des Essais avec les corrections manuscrites du philosophe. Elle obtient grâce à Richelieu le privilège de pouvoir éditer ses propres œuvres. Richelieu lui offre une modeste pension royale. Elle est sans cesse calomniée, personnellement et pour son œuvre. Elle vit et pense en « féministe » et publie l’Égalité entre les hommes, 1622, et Les Femmes et Grief des Dames, en 1626, où elle prône l’égalité absolue entre les sexes, ni misogynie, ni philogynie. Catholique, elle est hostile aux protestants mais côtoie des libertins comme Théophile de Viau, à qui on reprochait, sur la base de ses poèmes obscènes du Parnasse satyrique et de son amour pour Jacques Vallée, sieur des Barreaux, d'avoir des relations homosexuelles et un esprit irréligieux. Elle traduit Salluste, Ovide, Virgile, Tacite…
• 1580 Montaigne dans son Voyage en Italie raconte l’histoire d’une femme qui fut pendue pour des inventions illicites à suppléer au défaut de son sexe
• XVIe siècle apparition du mot pédéraste dans la langue française au sens d’amour des garçons; il connaît rapidement une série de glissements sémantiques qui l’éloigneront considérablement de sa signification première
- l’Eucharistie comme transformation miraculeuse est une invention du XVIe siècle
- Pierre de Bourdeille, 1540 - 1614, dit Brantôme, abbé commendataire de l'abbaye de Brantôme et seigneur de Saint-Crépin de Richemont dans son recueil de poèmes d'amour entre les femmes intitulé Lesbiennes et son livre Les Vies des dames galantes emploie pour la première fois le mot lesbienne
- Trotula de Salerne, gynécologue prônant l'accouchement sans douleur; on lui doit différents ouvrages qui jetèrent les bases de la médecine pour les femmes dont Les Maladies des femmes, De passionibus mulierum
• XVIIe siècle
- Comenius - né Jan Amos Komenský - philosophe, grammairien et pédagogue tchèque propose une démocratisation de l’éducation, puisque chaque être humain est une image de Dieu, chaque être humain mérite d’être éduqué et tout doit être enseigné à tout le monde, sans distinction de richesse, de religion ou de sexe

Sorcières-bucher -Montesquieu-Voltaire-Voltaire

• 1600 L'Inquisition romaine condamne le dominicain Giordano Bruno à être brûlé vif. Cet homosexuel livré nu aux flammes, on lui a cloué la langue sur un mors de bois pour le réduire au silence. Sur la base des travaux de Copernic, il a développé la théorie de l’héliocentrisme et montré, de manière philosophique, la pertinence d'un univers infini, qui n'a pas de centre, peuplé d'une quantité innombrable d'astres et de mondes identiques au nôtre : hérétique !
• 1608 Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal des Champs à 17 ans établit la règle de saint Benoît ; l'abbaye devient un foyer de la Réforme et l’abbesse une figure majeure du jansénisme. L’abbye sera fermé
• 1616 Les idées de Copernic sont condamnées par le Saint-Office et Galilée doit cesser d'enseigner ses thèses
• 1622 Marie de Gournay publie l’Égalité des hommes et des femmes : Si les dames arrivent moins souvent que les hommes à l’excellence, c’est merveille que le défaut de bonne instruction, voire l’affluence de la mauvaise expression et professoire ne fasse pis, les gardant d’y pouvoir arriver du tout.
• 1634 représentation à l’Hôtel de Bourgogne de la comédie Iphis et Ïante de Isaac de Benserade (1612-1691) écrivain, dramaturge, courtisan, bel esprit. Sa comédie en cinq actes, tirée d’Ovide, évoque le lesbianisme. Ayant vécu déguisée en garçon depuis sa naissance, Iphis épouse la belle Ïante. Les deux jeunes épousées racontent la volupté de leur nuit de noces : J’oubliais quelquefois que j’étais fille, Je ne reçus jamais tant de contentements […] Ce mariage est doux, j’y trouve assez d’appas Et si l’on n’en riait, je ne m’en plaindrais pas…
• 1657 Jan Amos Komenský (1592-1670) Comenius, philosophe, grammairien et pédagogue tchèque propose une démocratisation de l’éducation, puisque chaque être humain est une image de Dieu, chaque être humain mérite d’être éduqué et tout doit être enseigné à tout le monde, sans distinction de richesse, de religion ou de sexe et en musicologue avisé, il plaide pour la généralisation de l’enseignement de la musique à tous les niveaux scolaires. Tout doit être enseigné à tout le monde, sans distinction de richesse, de religion ou de sexe… Dans Prodromus pansophiae, il raille les efforts des encyclopédistes, dont il juge absurde la façon de présenter les connaissances comme une chaîne d’éléments juxtaposés plutôt que comme un tout. Il s’agit plutôt d’apprendre à bien penser; les élèves doivent ainsi mémoriser le moins possible.
• 1668 Marguerite Buffet (?-1680) femme de lettres publie : Nouvelles observations sur la langue françoise où il est traitté des termes anciens & inusitez & du bel usage des mots nouveaux, Traité sur les éloges des illustres sçavantes, anciennes et modernes dans lequel elle donne des exemples de femmes cultivées et érudites sachant converser correctement et écrire judicieusement.
• 1674 Poullain de la Barre (1647-1725), prêtre et philosophe, publie De l’Égalité des deux sexes, discours physique et moral dans lequel il soutient que la subordination des femmes n’est pas fondée en nature et que l’influence de l’éducation est déterminante; il propose l’ouverture de toutes les carrières aux femmes sans restriction. Convaincu de cette injustice et de l’inégalité de la condition des femmes, il applique les principes cartésiens à cette question et rédige de nombreux textes de philosophie sociale qui dénoncent les préjugés sexistes. Il se convertit au protestantisme en 1688. On doit à Poullain de La Barre la célèbre maxime L’esprit n’a pas de sexe.
• 1678 Elena Cornaro Piscopia (1646-1684), philosophe et mathématicienne, ayant étudié le grec, le latin, l’hébreu, l’espagnol et la théologie est la première femme à obtenir un diplôme universitaire, doctorat de philosophie, à Padoue en Italie, bien qu'il lui fût impossible d'enseigner puisqu'elle était une femme. Elle se heurta aussi à l'opposition de l'évêque de Padoue, chancelier de l’université, pour obtenir un doctorat de théologie. Il soutint qu'il était hors de question d'accorder le titre de docteur à une femme et que ce serait quelque chose à nous rendre ridicules à tout le monde
• 1684 édification par Mansart de la Maison royale de Saint-Louis pour deux cent cinquante jeunes filles pauvres de la noblesse sous la direction de madame de Maintenon; elle deviendra l'école militaire de Saint-Cyr
• 1721 dernière lesbienne brûlée vive en Allemagne
• 1727 en Allemagne, une femme est exécutée pour sodomie. Déguisée en homme, elle avait épousé une autre femme !
• 1734 publication du Dictionnaire philosophique ou La Raison par alphabet de Voltaire sous le titre de Dictionnaire philosophique portatif, qui a été conçue par son auteur comme une machine de guerre contre L’Infâme. Mais on y trouve aussi Tolérance : …C’est à regret que je parle des juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre… Amour socratique homosexualité masculine : sujet honteux et dégoûtant, attentat infâme contre la nature, abomination dégoûtante. Femme : en général, elle est bien moins forte que l'homme, moins grande, moins capable de longs travaux; son sang est aqueux, sa chair moins compacte, ses cheveux plus longs, ses membres plus arrondis, les bras moins musculeux, la bouche plus petite, les fesses plus relevées, les hanches plus s'écartées, le ventre plus large. Ces caractères distinguent les femmes dans toute la terre, chez toutes les espèces, depuis la Laponie jusqu'à la côte de Guinée, en Amérique comme à la Chine. [cf. documents]
• 1748 publication Du crime contre nature - De l'esprit des lois Livre XII Chapitre VI - de Montesquieu [cf. documents]
• 1750 les derniers sodomites brûlés, Bruneau le Noir et Jean Diot, cordonnier, le sont en place de Grève, place de l’Hôtel-de-Ville actuelle, Paris, le 3 juillet 1750. La dernière exécution en Europe aura lieu en 1803 aux Pays Bas ; il n’y aura plus de condamnation à morts pour sodomie en Angleterre à partir de 1836 !
• 1756 dans L'Essai sur les mœurs et l'esprit des Nations, Voltaire déclare : Il n'est permis qu'à un aveugle de douter que les Blancs, les Nègres, les albinos, les Hottentos, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes
• 1758 Le Courrier de la Nouveauté, premier périodique connu à l'usage des dames
• 1759 Le Journal des Dames
• 1760 Samuel Auguste Tissot, médecin, publie Essai sur les maladies produites par la masturbation, où l’onanisme est non seulement une maladie mais un crime. L’excès dans les plaisirs de l'amour ne produit pas seulement des maladies de langueur ; il jette quelques fois dans des maladies aiguës et toujours il dérange celles qui dépendent d'une autre cause ; il produit très aisément la malignité, qui n'est, selon moi, que le défaut de forces dans la nature. //  (…) Un de mes condisciples était venu à cet état horrible, qu'il n'était pas le maître de s'abstenir de ces abominations, même pendant le temps des leçons : il n'attendit pas longtemps son châtiment et il périt misérablement de consomption au bout de deux ans. Son ouvrage L'onanisme connut soixante-trois éditions entre 1760 et 1905
• 1762 Rousseau publication de L'Émile ou De l'Éducation [cf. documents]
• 1784 Olympe de Gouges présente son drame en trois actes contre l’esclavage Zamore et Mirza où l’heureux naufrage au comité de lecture de la Comédie française: scandale ! Cette pièce décrit les conséquences de l’esclavage durant l’époque de la colonisation et vues par deux esclaves
• 1785 Jeremy Bentham (1748-1832), philosophe, jurisconsulte et réformateur britannique, publie Essai sur la pédérastie [cf. documents]. Sa thèse, il faut se replonger dans le contexte de l’époque : dans la plupart des pays européens, l’amour entre personnes de même sexe (le mot homosexualité a été inventé vers 1870) était sévèrement puni. Bentham tente de démontrer que ce type de rapports est à classer parmi les délits contre soi-même, ce qui devrait supprimer les raisons de les traiter aussi sévèrement.
• 1787
Autriche empereur Joseph II abolit la peine de mort pour sodomie, la peine reste la prison à vie avec travaux forcés jusqu'en 1852
• Ancien Régime les veuves dotées d’un fief et les mères abbesses peuvent voter aux États généraux

----

accueil - Ancien Régime - 1789 à 1847- 1848 à 1880 - 1881 à 1904 - 1905 à 1913 - 1914 à 1926 - 1927 à 1939 - 1940 à 1949 - 1950 à 1971 - 1972 à 1975 - 1976 - 1977 - 1978 - 1979 - 1980 - 1981 - 1982 - 1983 - 1984 à 1986 - 1987 à 1990 - 1991 à 1995 - 1996 à 2000 - 2001 à 2009 - 2010 - 2011 - 2012 - 2013 - 2014 - 2015 - tracts - documents